La Banque Centrale Européenne a augmenté ses taux directeurs de 0,75 point, une première depuis la création de l’institution. Cette hausse brutale traduit une volonté réelle de limiter l’inflation, notamment en limitant la production de crédits immobiliers. Les acheteurs se trouvaient déjà dans une situation délicate, qui va donc s’aggraver dans les mois à venir. Analyse.
C’était attendu, c’est désormais effectif : la BCE a annoncé une hausse de ses taux directeurs d’un montant jamais atteint jusqu’alors : 0,75 point. Son objectif est clair : réduire l’inflation qui touche actuellement toute la zone euro : 9,1% en 1 an ! Pour atteindre son objectif, la BCE use donc des taux directeurs pour ralentir l’économie européenne. L’institution envisage en effet de favoriser l’épargne et de réduire la consommation pour limiter la pression sur les prix.
Déjà en juillet, la BCE avait appliqué une hausse de 0,5 point alors que seulement 0,25 point étaient attendus. Cette hausse était déjà historique après huit années de taux négatifs.
Pour tout l’écosystème du crédit immobilier, cette annonce est une très mauvaise nouvelle. En effet, cette hausse des taux directeurs cumulée à une augmentation des OAT 10 ans, indicateur sur lequel s’appuient les banques pour fixer leurs barèmes de crédits, va nécessairement engendrer une hausse des taux de crédit moyens proposés aux emprunteurs dans les prochains mois.
Des taux d’intérêts qui avaient déjà entamé depuis le début d’année une augmentation continue. Les emprunteurs devront donc payer bien plus cher leur crédit immobilier pour financer leur achat immobilier.
Conséquence, la demande de crédit immobilier devrait ralentir, ne permettant pas aux ménages les plus modestes et aux primo-accédants sans beaucoup d’apport d’accéder à un crédit immobilier. Les banques risquent également de durcir encore plus l’accès à l’emprunt. En renforçant leurs exigences, elles souhaitent limiter les risques de non-remboursement des crédits. Une mauvaise nouvelle de plus pour les emprunteurs. Mais ce n’est pas tout !
La hausse des taux d’intérêts risque de se confronter une nouvelle fois à un taux d’usure inadapté. En effet, le 1er octobre, le nouveau taux d’usure sera publié et tous les professionnels de l’intermédiation financière espèrent une remontée conséquente. Le nombre de refus de prêt liés aux taux d’usure atteignent actuellement des niveaux jamais enregistrés. Bon nombre de courtiers en crédits se trouvent dans une situation plus qu’inquiétante car la majeure partie de leurs dossiers de prêts sont refusés par leurs partenaires bancaires. L'annonce de la hausse des taux de la BCE risque alors de creuser un peu plus l'inadéquation entre le taux d'usure et les taux de crédits appliqués.
Dans le même temps, la BCE a annoncé avoir augmenté le taux de dépôt, soit le taux auquel les banques perçoivent une rémunération dans le cas où elles placent leur argent à la BCE. Concrètement, cela signifie qu’il sera plus intéressant pour les banques de placer leur argent plutôt que de prêter. Effectivement, les taux de dépôts étaient négatifs ces dernières années, les banques étaient donc perdantes à placer leur argent. Désormais, ce placement leur rapportera des liquidités ce qui pourrait les inciter à privilégier ce placement plutôt que le prêt immobilier. Une nouvelle fois, l’objectif assumé est de limiter la production de crédit immobilier pour juguler l’inflation.
Cette annonce bien que prévisible agit comme un coup de massue pour tous les professionnels de l’intermédiation en crédit et pour les emprunteurs.